dimanche 24 mai 2009

ÑAKHARI

Je suis au sommet d'un lieu sacré appelé ÑAKHARI. Oblite ne fait que le mentionner, parmi tous les endroits du secteur de Curva et Lagunillas oú se trouvent d'anciennes chullpas, tombes qui abritent des momies en position foetale. Les lieux sacrés communautaires kallawaya correspondent souvent à ces emplacements. Muña Pata, centre cérémoniel de Lagunillas est édifié sur une chullpa. De même pour Usichaman, le lieu cérémoniel communautaire de Curva. Il n'y a jamais eu de fouilles à ÑAKHARI, même s'il suffit de frapper du pied sur le sol pour se rendre compte que c'est creux en dessous. Ces lieux ont la réputation d'être très dangereux et puissants. Ils ont des propriétés psycho-géographiques dont le kallawaya sait tirer parti. Mais entrer au contact de ces momies et excaver, c'est contracter cette fameuse maladie des os qui va vous faire mourir. Il existe de nombreuses chullpas à ÑAKHARI, accompagnées chacune de leur trésor d'argent et d'or. C'est un ancien gros village aux constructions de pierre, alors que celles des villages kallawayas sont en adobe, mélange de boue et de paille. Ce ne sont pas des chullpas Aymara, lesquelles adoptent généralement la forme d'une tour alors que celles-ci sont creusées directement dans la terre. Lorsque je demande à Grover s'il s'agit de tombes incas, il me répond " Non, c'est beaucoup plus ancien ". " C'est donc Aymara ? " " Non ". " Alors c'est Colla ? " " Non, c'est encore plus vieux que ça. Cela date de l'époque oú le lac Titicaca était encore plus vaste que maintenant. À cette époque, le soleil n'existait pas. Cette humanité était plus grande et plus puissante que l'actuelle. Quand le soleil est apparu, ils sont rentrés à l'intérieur des chullpas et ont disparu pour toujours ". J'avais déjà entendu cette légende parlant du temps oú le soleil n'existait pas chez les URUS, la plus ancienne éthnie du Titicaca qui vit sur les îles flottantes du lac sacré. Ces derniers disent ne pas être des hommes. " Notre sang n'est pas rouge, il est noir ", tellement chargé en globules rouges. On retrouve, partout répandu dans les Andes, ce mythe d'une préhumanité bien antérieure à la nôtre, mystérieuse et magique, qui construisit le lac et sculpta les montagnes. ÑAKHARI a d'ailleurs la forme d'un profil humain regardant le ciel.
Quoi qu'il en soit, sur cette photo, je suis en train d'exécuter, un peu hors contexte à vrai dire, puisque nous sommes chez les kallawayas, un salut andin très ancien remontant à Tiwanaku, comme on peut le voir sur le monolythe ci-dessous. Certains groupes de sages (amautas) continuent encore d'utiliser ce salut ancestral. On commence par placer la main droite sur le coeur, puis la main gauche sur le ventre en disant en langue aymara : Chuymampi, Jan asjarasiña. Ce qui veut dire : De tout coeur et sans peur.

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