mercredi 1 janvier 2014

L'HOMME-JAGUAR

  Suite au billet que j'ai rédigé en Août 2011 sur Abuelo Wachuma, plusieurs personnes m'ont écrit pour me faire part de leur expérience de cette plante maîtresse. La plupart du temps, ces messages me laissent perplexe car je sais d'avance que les conseils qu'on me demande ne vont pas être suivis. Dans le contexte particulier des plantes de pouvoir, le chamanisme apparaît souvent comme un prétexte aux comportements intoxicants, une sorte d'alibi exotique.

  Hormis le touchant témoignage d'un monsieur auquel je n'ai pas répondu, faute de temps et de connexion internet à l'époque, et dont l'expérience se déroulait à Sucre en Bolivie, j'ai beaucoup de difficultés à comprendre où les usagers sauvages de ces plantes sacrées veulent en venir et ce qu'ils retirent véritablement de ces essais. Il y a beaucoup de confusion et de désinvolture dans ce domaine et par exemple, je ne vois pas pourquoi l'on me contacte pour m'informer que l'on a acheté des cristaux de mescaline sur internet. Rien n'est plus éloigné de mes préoccupations que cette course à la défonce.

  Que ces cristaux de mescaline soient extraits du San Pedro n'en fait d'ailleurs pas des substances chamaniques. Si, depuis des millénaires, les guérisseurs boliviens préfèrent le Pachanoï au Peruvianus, malgré le fait que le second soit plus chargé en mescaline, c'est parce que le Pachanoï contient des alcaloïdes différents, que l'on retrouve d'ailleurs naturellement dans les urines des patients schizophrènes. La force psychomimétique du Pachanoï est la raison pour laquelle il est privilégié par les guérisseurs andins. Sa configuration chimique est donc plus favorable aux travaux thérapeutiques, tandis que le Peruvianus sera réservé à des usages particuliers, notamment contre (ou pour) certaines opérations de sorcellerie, ou afin de réaliser des suggestions profondes de reprogrammation. Il est par conséquent inutile de tergiverser sur les variétés botaniques du San Pedro en fonction du seul degré de défonce que celui-ci procure. La logique suivie par le chercheur sauvage est ici erronée ; elle trahit l'intérêt réel porté à ces plantes sacrées, un intérêt intoxicant plutôt que thérapeutique... [LIRE LA SUITE]

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