dimanche 13 mai 2012

QUOIQUE CE SOIT DE NUIT

Équilibre de la lumière et de l'ombre, du conscient et de l'inconscient dites-vous. Voyons ceci sous différents angles, car tout dépend  du point de vue et l'on remarque d'évidentes asymétries.

Jours et nuits alternent parfaitement sur terre : géocentrisme.

Au niveau suivant, le soleil ne connaît que le jour et ne sait rien de l'ombre. Il n'est que proclamation tapageuse de lumière, sagesse qui se sait, posture d'éveil : héliocentrisme.

Mais s'engageant plus avant dans la nuit noire de l'espace, que reste-t-il au juste de ce jour sans partage ?

J'aime cette nuit totale qui autorise toutes les aubes et toutes les insolences solaires. 

Il n'existe pas de grand jour cosmique, mais il existe bel et bien une nuit sidérale. L'équilibre n'est donc pas symétrie ni la lumière de veille hégémonie. Même le coeur d'une flamme sera toujours obscur et sans retour sur soi, c'est la leçon de Dame Nature. Personne ne reste assis au bord de la rivière de la vie, la regardant passer. Le courant est sans rives, sans perpétuelle rétrospection.

Et bien que cette nuit sidérale puisse être vue, elle symbolise chez nombre de mystiques - quoique très imparfaitement - ce qui n'est plus perçu de soi, enfin. La sainteté qui se sait ne perd-elle pas son poids ? N'est-ce pas où l'on ne se voit plus que rayonne une beauté insondable et sans pareille, une merveille sans proclamation ? Rien n'est plus troublant que la sagesse ignorante d'elle-même. Dans son écrin de nuit resplendit l'insurpassable qui, ne pouvant être imité, frappe au cœur plus sûrement que nos pâles lumières.

Cette nuit n'est pourtant pas l'opposé du jour, comme dans le point de vue géocentrique. Elle ne nie pas non plus la perspective héliocentrique commune où règnent, même subtilement, des formes de captation. Elle est juste ce je ne sais quoi, qui ignore jours et nuits mais magnifie leur expression. 
On ne doit pas produire la pensée du grand Tao. A mon sens, l'esprit en tant que tel est inconnaissable, obscur et de surcroît inconscient.
Ne pas connaître le connaissable ni l'inconnaissable est ce qu'on nomme connaître le Dharma.
Celui dont l'esprit est exempt d'éveil et de connaissance, celui-là connait le Dharma.
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2 commentaires:

Don Juanito a dit…

Puissent les sages entendre mes conseils :

Puisse la sagesse, ô sages, vous empêcher de savoir !
Puisse-t-elle vous priver de connaître,
vous rendre vraiment aveugles, sourds et muets
– ce que vous êtes déjà, comme moi,
mais que votre sagesse, comme la mienne,
vous empêche de percevoir en toute clarté…

Que la clarté de votre sagesse vous aveugle
pour de bon,
vous abasourdisse, vous abatte, vous ourdisse,
vous close le bec, les narines, les paupières,
le cœur, tous vos cœurs, le ventre, tous vos ventres
pleins de tripes, de polypes, d’archétypes,
vos boyaux pleins de faux joyaux !

Que vos boyaux se nouent, les miens aussi !

Que votre sagesse ait tort,
qu’elle ne sache plus
(la pénible omnisciente),
qu’elle se dessèche, s’évapore, s’atomise !

Oh, que votre sagesse disparaisse,
ma sagesse aussi –
et nous serons sages, peut-être, alors,
enfin, vraiment.

http://nonihil.icyp.fr/2011/02/17/conseils-aux-sages/

Don Felipe a dit…

Magnifique ! Puisse-t-il en être ainsi !