samedi 29 août 2009

HIER SOIR


Même lorsque l'on est aymara et que l'on connait à peu près la tradition, on peut avoir besoin de l'aide d'un maestro kallawaya. C'était le cas hier soir puisque doña Claudia m'a gentillement demandé de l'aider à préparer une mesa pour sa boutique. Elle a sans doute eu raison car je lui ai fait remarquer que son foetus de lama acheté au marché des sorcières était en réalité un foetus de brebis, lequel n'est pas du tout conçu pour l'usage qu'elle voulait en faire. De même, elle avait oublié d'acheter des feuilles d'or et d'argent, ainsi que de la terre de fourmis, particulièrement efficace pour attirer les clients. Une autre difficulté lorsque ce n'est pas le maestro lui-même qui fait les courses au marché des sorcières, c'est que le matériel vendu pour la mesa ne suit pas la tradition kallawaya mais la tradition populaire aymara. Qu'à cela ne tienne puisqu'en bon généraliste, le maestro est censé connaître aussi cette tradition andine.

On commence donc par préparer un petit foyer dans les locaux de l'entreprise, puis on monte directement la mesa sur le bureau de la patronne. Le résultat est une très jolie offrande, colorée, bien fournie en sucreries. Mais je devine déjà qu'elle ne va pas brûler facilement. On termine toujours par la décoration du foetus, avant de faire une pause...

En reprenant le rite, on met chaque patient au contact de la mesa et du foetus ( je les pose sur la tête de chacun d'entre eux tout en prononçant les invocations, je leur demande de souffler trois fois dessus). Puis, on sort dans le couloir qui mène à un hotel et on met le feu au brasier, ce qui bloque un peu le passage et crée de l'animation. Quelques touristes regardent la scène, étonnés de voir que les autochtones s'adressent à un maestro étranger pour leurs petites affaires magiques.

Enfin, non sans avoir enfumé la réception de l'hotel, on transporte le brasier dans la rue oú ce genre d'évènement n'est pas rare du tout, même et surtout quand on se trouve en plein centre-ville de La Paz.

Voilá. Je suis toujours très heureux de rendre ce genre de petit service à mes frères et soeurs aymaras et très honoré qu'ils s'adressent à moi pour le faire. La cérémonie a commencé vers 20 heures et nous y étions encore après minuit car la Pacha Mama avait très soif. La propriétaire des murs étant une camba catholique, elle ne fait jamais de mesa à cet endroit et je l'ai de suite senti. Nous avons donc dû épuiser trois bouteilles d'alcool pur pour que l'offrande brûle convenablement et donne des cendres blanches. Les oracles se sont montrés très positifs et je ne doute pas que doña Claudia ait à l'avenir bien plus de clientèle.

3 commentaires:

Anonyme a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Unknown a dit…

Hihi, excellent !
Sur certaines des photos, tu ressembles un peu au Bateleur, mon JL !

:*

Jean-Luc a dit…

"Puisque tu l'dis"... N'empêche qu'elle les a ses clients maintenant.