mercredi 22 avril 2009

NOTES SUR LE 'HASHMAL

      Le mot hébreu 'Hashmal est difficile à traduire. La Septante lui donne pour équivalent grec le terme Elektron, suivie en cela par La Vulgate qui propose Electrum. Les versions en langue moderne traduisent le terme de façon nettement plus variée : émail, charbon ardent, galène, météore, ambre, électre, alliage d'or et d'argent, vermeil, airain poli... Le Livre d’Ézéchiel où le mot apparaît raconte une vision qu'eut ce prophète, au cours de la cinquième année d'exil de Joachim, avant dernier roi des juifs qui fut déporté par Nabuchodonosor. Ézéchiel dit qu'il vit " Une Grande nuée de feu enveloppant... et au milieu du feu une chose qui semblait comme le 'Hashmal " (I:4). Les deux premières apparitions de ce mot (Ézéchiel 1:4 et 27) utilisent l'expression "ke'eyn ha-'hashmal", "comme le 'Hashmal". Mais prononcé différemment, on peut lire ce passage : l'"œil du 'Hashmal", c'est-à-dire : "ayin ha-'hashmal". Sur cet œil gloseront de façon mystérieuse et obscure, comme nous allons le faire, les étudiants du Masse Merkabah. Quant à la troisième apparition du 'Hashmal - et il n'y en aura pas d'autre - au chapitre 8 verset 2, elle se présente sous une autre forme : ha-'hashmalah.

      Tout comme le mot 'Hashmal est répété trois fois dans la vision d’Ézéchiel, on trouve également trois fois les mots "je vis", vaereh. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le prophète (I:1) déclare : "vaereh marot elohim", "Je vis des visions divines", utilisant un pluriel. Selon la Mishna, ou bien encore dans la préface d'Abarbanel au More Nebou'him de Maïmonides, la première vision concerne les ophanim, la seconde les haioth et la troisième utilisation de "je vis" (I:27) se réfère au secret du 'Hashmal proprement dit. Or, s'il est permis d'enseigner les deux premières contemplations, celle des ophanim et celle des haioth, on ne peut enseigner de la troisième, celle du 'hashmal, que les premiers principes, à cause des grands dangers qui guettent ceux qui l'étudient (1).

      La tendance dominante est de voir dans le mot 'hashmal l'équivalent du grec elektron. Aussi n'est-il guère étonnant que l'hébreu moderne l'ait adopté pour désigner l'électricité. Et de là, ´hashmali en vient à signifier "électrique", manoa 'hashmalay, "moteur électrique" et s'il y a un court-circuit dans la maison on appellera le 'hashmalay, lequel a étudié la 'hashmalout. Mais on se doute bien que le terme 'hashmalout désignait aux temps des prophètes autre chose que cette technique que doit apprendre le 'hashmalay pour pouvoir électrifier une maison.

      C'est à tort qu'on le traduit par ambre, affirme Blaise de Vigenère dans son Traicté des Chiffres. C'est pourquoi il lui préfère le terme d'Electre (2). Il en discute les proportions convenables d'or et d'argent, à moins, suggère-t-il, qu'on y mêle le cuivre. Mais ces considérations métalliques l’éloignent du sujet, bien qu'il communique de façon exhaustive l'enseignement qu'en donne Rabi Selomo. Le Chasmal, comme il l'orthographie, correspond selon Rabi Selomo à cette expérience de voix silencieuse que fit le prophète Élie : tout d'abord se présente à lui un grand vent qui déchire les montagnes et brise les rochers. Mais Dieu n'est pas dans ce vent. Alors vient un tremblement de terre, mais Dieu n'est pas non plus dans ce tremblement de terre. Enfin un gigantesque incendie se déclare ; mais encore une fois, Dieu n'est pas dans l'incendie. La Révélation faite à Élie ne se produira donc pas dans cette immense débauche de puissance, mais au travers d'une "voix silencieuse et fine", kol demama daka (I Rois 19 :12). Dés qu'Élie entendra cette voix muette, il enveloppera son visage "dans son manteau", baderet (3). Il est vrai que ce "murmure", ce "chuchotement" du Seigneur, mal'hash, n'est autre qu'une permutation de notre 'Hashmal. Nous nous situons ici à un niveau où les opposés coïncident, où la lumière est ténèbre et parole le silence ; si bien que tous les auteurs traitant de ce sujet finiront paradoxalement par dire la puissance redoutable du 'Hashmal. Plus fort que l'ouragan qui fend la roche, plus incendiaire que le feu, plus assourdissant et dangereux que le tonnerre et la foudre, on ose à peine l'étudier : " Chose qui advint, ainsi que nos maistres tesmoignent, à un jeune homme curieux en l'oeuvre du Merchava, ou throne de Dieu, faict à guise d'un chariot: là où considerant ce Chasmal, soudain il en sortit un feu qui le consuma ", nous dit le Rabi Selomo, cité par Blaise de Vigenère. Nul n'est plus infime, plus discret plus silencieux que le 'Hashmal et pourtant, il dévore. 

      Blaise de Vigenère complète son explication en ajoutant : " Il y en a d'autres qui veullent ce mot là estre composé de deux dictions: Car aiant un jour esté enquis Rabbi Jehuda, quelle chose estoit ce Chasmal, il fit responce, que Chaioth Esch Memalleloth, comme qui diroit animaux feu-parlants : lesquels ainsi qu'il est repeté au Thalmud, par fois se taisent et par fois parlent ; Pourtant que lors que la parole sort de la bouche de Dieu, ils se taisent; et quant il se taist, ils prennent la parole à leur tour; c'est à dire qu'ils celebrent et loüent Dieu. Au moien dequoy il est convenable ( poursuit le mesme Rabbi Selomo) que ce Chasmal soit un nom aprochant de la couleur et lustre de feu; Parce que le Prophete dit au premier chap. v. 7 et 8. qu'il sortit du milieu du feu, en guise d'un oeil estincellant, ayant la splendeur de Chasmal, ainsi qu'un aspect du feu au dedans de luy tout autour. A ce mesme propos dit Baal Aruc, que ce sont deux dictions accouplees en un seul mot, qui signifient Taire et parler: Car quand la parole sort de devant Dieu, Chasoth, elles se taisent : et telle fois est que Memalleloth schir bechoz, elles prononcent un cantique de force, suivant ce qui est escrit Ghoz vecheduah bimmecomo, Force et allegresse en son lieu.(4) "

      Mais le texte tend à confondre le ´Hashmal avec les anges qui le représentent, les ´hashmalim, et il convient de nuancer. Effectivement, le Talmud (Hagigah 13 a-b) nous dit que les Hashmalim sont des créatures parlantes et de feu (Haioth esh memaleloth) qui parfois se taisent et parfois parlent. Le Livre des Proverbes confirme que parmi les 28 qualités de temps qui changent le monde, il y a un temps pour parler et un temps pour se taire. Mais la kabbale nous enseigne que cette dualité de parole et silence n'existe que dans les trois mondes inférieurs que sont Beriah, Yetzirah et Asiah, lesquels sont sous l'influence du temps et ne peuvent tolérer les opposés de façon simultanée. En revanche et contrairement aux lois de ces mondes où demeurent les anges, il n'y a pas de paradoxes dans le monde de Atzilout. Dans le monde le plus élevé où le temps n'existe pas, 'Hashmal ne se réfère pas à des anges mais au 'Hashmal véritable, la lumière incrée de l'En-Sof-Or. Cette lumière est celle d'avant le tsim-tsoum, avant que la lumière infinie ne soit contractée. Elle provient du olam-ha-malboush, du "monde du vêtement" où l'Eternel " se couvre de lumière comme d’un vêtement ", " ote or keshalma " (Psaumes 104)(5). Qu'aux yeux des hommes, cette Infinie Lumière du vêtement divin puisse sembler l'obscurité la plus grande n'a rien de bien étonnant puisque - comme nous le verrons dans la troisième partie de ce Sefer ha-'hashmal - l'oeil humain est blanc là où celui de Dieu est noir et inversement. Dans le monde de Atzilout, tout est en revanche unifié, et les paradoxes coexistent en un seul et même moment. Silence et parole y sont simultanés et c'est ce qui fait la différence entre le 'Hashmal et les 'Hashmalim.

      Il existe un rituel où les 'Hashmalim sont clairement mentionnés. Pendant la deuxième guerre mondiale, cette cérémonie fut réalisée à grande échelle depuis un hélicoptère, par Yehuda Pataya, un kabbaliste Irakien. De grands rituélistes comme Isaac Louria l'ont également pratiquée et vivement recommandée. Il s'agit de Kaparot, le rituel d'expiation réalisé traditionnellement le jour de Yom Kipour où l'on purifie le croyant en décrivant trois cercles autour de sa tête avec un coq ou une poule blanche que l'on sacrifie ensuite. Un verset de la Bible explique le caractère expiatoire de cet acte (Lévitique XVII:11) : " Car l’âme de la chair est dans le sang et Moi Je vous l’ai donné sur l’autel afin qu’il fit expiation pour vos âmes, car c’est le sang qui fait expiation pour l’âme ". " Nous offrons une vie pour l'expiation d'une autre ", confirme Rashi. La formule de la prìère de Kaparot de Louria est : Zeh 'halifati, zeh temourati, zeh kaparati; zeh hatarnegol iele'h lemisoh, vaani ele'h le'haim tovim aroukim veshalom. " Ceci est mon échange, ceci est mon substitut, ceci est mon expiation. Ce coq ira à la mort tandis que j'entrerai dans la vie bonne, longue et paisible ". Louria insiste beaucoup pour qu'on utilise cette formule car elle contient, dit-il, le secret d'appel de l'ange dont la fonction est d'inscrire les noms dans le Livre de Vie. Les trois lettres donnant le nom de l'ange du Livre de Vie sont les lettres initiales des trois premiers mots, 'Halifati, Temourati et Kaparati, "échange, substitut et expiation", 'het, tav et kaf, dont la valeur guématrique totale (428), indique le nom de la classe d'anges à laquelle il appartient : les 'Hashmalim (428). Il s'agit des Dominations de la théologie Chrétienne et en effet, ce sont bien ces 'Hashmalim qui différencient la vie, 'hay de la mort, moth (446 - 18 = 428). Il est par ailleurs curieux que cette valeur numérique liée aux 'Hashmalim désigne aussi l'épanchement rituel du sang mais... revenons au 'Hashmal proprement dit.

      Longtemps, des alchimistes comme Paracelse vont s'interroger sur la nature de cette force. Mais le sens, visiblement, échappe à plus d'un, et l'on ira de complication en complication. L'Aesch Mezareph ou Feu Purificateur se contente de le traduire par ambre, sans autre commentaire. D'autres y reconnaîtront le Mercure des Philosophes (Baron d'Hoogvorst). Dans son ouvrage intitulé Sur les mystères les plus importants de la religion, Karl von Eckartshausen parlera d'une influence, d'“une huile d'onction qui renouvelle l'homme” et qu'il appellera “Electrum, l'élément divin, l'organe ou vehiculum de l'esprit de Dieu, le vêtement d'or de la fille du Roi”. Son ignorance de l'hébreu ne l'empêchera pas, contrairement à d'autres à qui l'Intelligence du Cœur fait défaut, d'approcher le secret au plus près, quand bien même qualifie-t-il cet Electrum de Charmal. déformation du terme hébreu. Pour notre auteur, le Charmal est “la Lumière sacrée” ; il correspond à ce que la théologie chrétienne nomme "Lumière incréée". Mais qu'est-elle, cette Lumière, et quelle est son opérativité ?

      Selon le Zohar, la Torah, comme le monde, fut composée avec du feu noir sur du feu blanc.

      Les kabbalistes, pour le faire comprendre, utilisent l'image de la flamme (shalhevet). Leur Sepher Yetzirah explique que les dix sefirot sont comparables à des flammes dont chacune est connectée à une braise (ga'helet). La flamme, disent-ils, est composée de trois niveaux.

      - Le feu noir, qui est le plus proche de la source, a pour nom 'Hashmal (silence-parlant).
      - Le feu blanc, la partie lumineuse, a pour nom Eish (feu).
      - Le halo lumineux qui constitue la troisième partie de la flamme a pour nom Nogah (clarté).

      Ces trois mots unis ont la même valeur numérique que le mot flamme, 737 (6).

      Les kabbalistes proches du mouvement hassidique assurent que les maîtres authentiques expriment toujours le 'Hashmal avant de parler. Cela se fait à travers leur manière d'être. Ils se connectent à l'inconnaissance avant d'enseigner, opérant une sorte de retrait d'eux-même vers non-eux-même (tsim-tsoum). La Tradition explique également que le 'Hashmal est une qualité de silence au-delà de tous les opposés, dans la mesure où son nom même unit à la fois la parole et le silence. Il correspond donc au niveau atziloutique du réel, où ne demeure nulle opposition.

      Le silence parlant des kabbalistes est donc informatif à 100%. Ce n'est pas un silence creux (7). D'autre part, il est également considéré comme l'Energie la plus dangereuse et la plus puissante qui soit (8). Dans le Livre d’Ézéchiel qui sert de base à la kabbale pratique, le 'Hashmal est l'énergie du trône de Dieu. Comme nous l'avons vu plus haut, un passage du Talmud raconte comment un enfant, pourtant d'une grande pureté, qui voulait étudier le 'Hashmal, fut foudroyé par lui. Un autre passage déclare que ceux qui comprennent la nature du 'hashmal se placent en danger de mort. Traduit en hébreu moderne par électricité, le mot 'Hashmal a d'ailleurs conservé cette idée d'énergie extrêmement puissante et dangereuse.

      Le silence parlant est la matière même du vêtement de lumière (9). Les mots 'hashmal et malboush (vêtement) ont la même valeur numérique. Du point de vue interne, on parle du 'hashmal, dont le signe premier est le pouvoir télépathique ; du point de vue externe, on évoque le vêtement divin ou malboush, ainsi que les 378 lumières fulgurantes et colorées (378 étant la valeur numérique du 'hashmal). C'est que le silence parlant est aussi présenté comme source de la matière imaginale. 378 est le nombre des nuances de couleur que l’œil peut percevoir, dit le Talmud. Et le Midrash Konen ajoute que le 'Hashmal est la substance ardente qui compose les piliers sur lesquels le monde repose. Sa guématrie de 378 évoque les éblouissantes "images de couleur", dimion tsivonim (378), qui sont "toute sorte de brillance", kol minei zohar. A l'heure d'étudier les opérativités kabbalistiques du corps de gloire, certains kabbalistes chrétiens contemporains se contentent d'interroger le mot "gloire" en hébreu. Ils en tirent évidemment peu de choses, puisque toutes les opérativités concernant ce sujet dans le monde hébraïque font avant tout référence au 'hashmal et au malboush. Mais nous savons, bien sûr, que ces choses se développent mieux dans l'ombre de leur développement plutôt que frontalement. Elles sont l'œuvre de Dieu.

      En résumé, le silence parlant est une terrible énergie et c'est aussi une matière.

      Redoutable, son pouvoir se manifeste selon trois étapes. Il est vecteur et opérativité de signes et prodiges. On assure que c'est le seul instructeur de secrets qui soit (Cordovero).

      La première étape du 'Hashmal apparaît aux signes de télépathie passive qui permettent de recevoir des messages et inspirations. Ceci est compréhensible dans la mesure où, comme dit plus haut, le 'Hashmal est le silence parlant ; or, l'état de silence-parlant est, opérativement, un pouvoir télépathique en soi. Cette étape est connue des kabbalistes comme étant celle de la "purification de la pensée". On commence par se taire si l'on veut écouter. " Dans le monde de Atzilout où n'existe pas de différence entre 'hash (silence) et mal (parole), le silence même parle et transmet. Il est certainement possible à ce niveau de transmettre et de répondre là où les mots sont incapables de le faire. Certaines choses ne peuvent être expliquées en parlant, mais le silence a le pouvoir de les communiquer. Ceci est le pouvoir de télépathie ", écrit E. Zieger.

      Le second niveau du 'Hashmal est marqué de signes de télépathie active qui permettent d'envoyer les messages. Cette étape est connue des kabbalistes comme étant celle du bitoul ha-yesh, l'extinction de l'objectivation.

      Quant au troisième niveau du 'Hashmal, il s'agit du pouvoir thaumaturgique et miraculeux, lié à "l'extinction de la réalité" que les kabbalistes appellent : bitoul bimetziouth. On trouve dans les Psaumes l'expression suivante qui a la même valeur numérique que le mot 'hashmal : "Hu tziva venivraou", "Il ordonna et ils furent créés". Cette phrase exprime le pouvoir qu'a l'esprit d'ordonner et d'agir sur la réalité d'une façon naturelle, sans l'interférence de la parole ou de l'action. Elle illustre parfaitement le pouvoir thaumaturgique dont il est question ici. "MeHashem hiatza hadavar" s'exclament Laban et Bethuel face à la fantastique « coïncidence » de la prière d'Eliezer et l'entrée en scène de Rivka : "ceci est venu de Dieu". Et incroyablement, cette expression a la valeur numérique du 'hashmal, 378. S'ajoute donc au pouvoir télépathique du 'Hashmal un pouvoir de prescience, de coïncidence et d'accomplissement...

NOTES :

(1) La question du caractère dangereux du 'Hashmal est surtout reliée aux notions d'authenticité et de vérité. En présence du 'Hashmal, toute tricherie et approche mensongère est foudroyée. On trouve de cela un bel exemple dans les Actes des Apôtres (V:1-11) où, par simple souci de paraître, un couple ment à la communauté, qui pourtant ne lui demandait rien : " Mais un homme nommé Ananie, avec Saphire, sa femme, vendit un bien, retint sur le prix de connivence avec sa femme, et en apporta une partie qu'il déposa aux pieds des apôtres (prétendant qu'il donnait tout ce qu'il avait). Et Pierre lui dit: "Ananie, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur pour te faire mentir à l'Esprit-Saint et retenir sur le prix du champ ? Est-ce que, restant (non vendu), il ne restait pas à toi ? et, vendu, ne demeurait pas en ta possession ? Comment as-tu mis en ton cœur un pareil dessein ? Ce n'est point aux hommes que tu as menti, mais à Dieu." En entendant ces paroles, Ananie tomba et expira, et tous ceux qui apprirent (la chose) furent pris d'une grande crainte. Or les plus jeunes vinrent l'envelopper, l'emportèrent et l'enterrèrent. Il y eut un intervalle d'environ trois heures, et sa femme, ne sachant pas ce qui était arrivé, entra. Pierre l'interpella: "Dites-moi, est-ce tant que vous avec vendu le champ ? - Oui, dit-elle, (c'est) tant." Alors Pierre lui (dit): "Pourquoi vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur ? Voici que les pieds de ceux qui ont enterré votre mari (sont) à la porte, et ils vont vous emporter." Au même instant elle tomba à ses pieds, et elle expira. Les jeunes gens étant entrés la trouvèrent morte ; ils l'emportèrent et l'enterrèrent auprès de son mari. l'Eglise entière et tous ceux qui apprirent cela furent pris d'une grande crainte. "

(2) Les grecs avaient remarqué qu'en frottant de l'ambre jaune contre un tissu, il produisait des étincelles et se mettait à crépiter. Le fait d'appeler ce phénomène électricité, du nom grec de l'ambre, obéit donc à une certaine logique. Le magnétisme et l’électricité ont longtemps été liés au monde magique des mythes. En Mésopotamie (3000 av. JC), on connaissait la propriété qu'a l’ambre jaune d'attirer les petites pailles lorsqu'il est frotté. Le phénomène était expliqué par la croyance religieuse selon laquelle l’ambre jaune avait une âme, identifiée au dieu Marduk. On confectionnait des amulettes d'ambre avec l’image de ce dieu afin de chasser les esprits malins.

(3) La valeur numérique de cette expression (613) est en rapport avec les "lumières", oroth (613), mais aussi avec les 613 commandements de la Torah. Le manteau auquel il est fait allusion ici n'est autre que le châle de prière (Talit) d'Élie, dont les franges et les nœuds représentent ces 613 commandements. On rencontre également ce vêtement dans le Nouveau Testament, associé à la force du 'Hashmal. Il est question, en plusieurs endroits clefs des évangiles, du bord du manteau de Jésus et du pouvoir qui y est associé. Mais une connaissance minimale de la tradition juive est nécessaire pour se rendre compte que le bord du manteau de Jésus est une allusion évidente aux tzitziot, aux franges de son talit : " Or, il y avait une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien pour les médecins, sans qu’aucun ait pu la guérir. Elle s’approcha par derrière, et toucha le bord du vêtement de Jésus. Au même instant la perte de sang s’arrêta. Et Jésus dit : Qui m’a touché ? Comme tous s’en défendaient, Pierre et ceux qui étaient avec lui dirent : Maître, la foule t’entoure et te presse, et tu dis : Qui m’a touché ? Mais Jésus répondit : Quelqu’un m’a touché, car j’ai connu qu’une force était sortie de moi. La femme, se voyant découverte, vint toute tremblante se jeter à ses pieds, et déclara devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant. Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix. (Luc VIII:43-48).

(4) "Force et allégresse". Le mot utilisé pour force, Oz, est composé des deux lettres ayin et zaïn, dont nous verrons dans la troisième partie de ce bref traité, qu'elles sont en rapport avec le 'Hashmal. Signalons que ce terme a aussi donné son nom au magicien d'Oz. Quant à l’allégresse, il suffit de permuter le mot 'Hashmal pour se rendre compte qu'en effet, il est "pour la joie", lesim'ha.

(5) Il est un Palais où demeure un ange du nom d'Ourphaniel, dit le Zohar (II:244a), dont la seule mission est de revêtir l'âme de son vêtement. Et comme le signale Cordovero, "L'âme est née nue et a besoin d'un vêtement pour comparaître devant le Roi, son père". Voir à ce sujet la parabole des Noces (Matthieu XXII : 1-14) : " Le roi entra pour regarder les convives, il aperçut là un homme qui ne portait pas de vêtement de noce. "Mon ami, lui dit-il, comment es-tu entré ici sans avoir de vêtement de noce ? Celui-ci resta muet. Alors le roi dit aux servants : Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents". Certes la multitude est appelée, mais peu sont élus."

(6) Nous parlons ici de puissances, mais il convient de ne pas oublier qu'il s'agit avant tout de puissances d'amour. Le Shéma dit : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton Cœur et de toute ton Âme et de toute ta Force". Or, les trois puissances d'amour exprimées par la phrase : "de tout ton Cœur et de toute ton Âme et de toute ta Force", "Be'hol levav'ha, ouve'hol nafshe'ha ouve'hol meode'ha", ont pour valeur numérique 737. Nous retrouvons là notre flamme, shalhevet (737) et ses trois niveaux. Au 'Hashmal correspond le cœur et la flamme noire, À eish correspond l'âme et la flamme blanche et à nogah correspond la force et le halo de la flamme.

(7) "Le silence est la plus haute initiation. Le silence est le plus puissant des siddhis (pouvoirs). Le silence n'est pas l'opposé mais le sommet du discours. Le silence n'arrête pas de parler. Il est le flot éternel du langage. Le silence est le plus élevé des langages." R. Maharshi

(8) Par addition de l'article défini, ha-'hashmal (383) manifeste clairement son caractère "volcanique", gaashi (383) : "Le vrai silence est explosif ; ce n’est pas l’état de mental apathique que les chercheurs spirituels imaginent. Le silence est un phénomène volcanique par sa nature même ; il bout tout le temps – il est plein d’énergie, de vie – voilà les qualités du silence." U.G. Krishnamurti

(9) " Le saint-homme aime le silence, s'en entourant comme d'une couverture, un silence puissant à la voix de tonnerre qui lui dit bien des choses." (Chevreuil boîteux)

(c) copyright F. A. Arakilah (Jean-Luc Colnot), 2006-2020

3 commentaires:

Matthieu a dit…

Très attractif…
On attend la suite !
Merci

Don Juanito a dit…

Mais de rien Matthieu. A bientôt pour la suite alors...

Matthieu a dit…

La suite ? Mais je ne vais pas écrire la suite de ce très brillant exposé !
En revanche, je peux dire deux mots ce qui m'intéresse dans Ézechiel, et donc pourquoi j'ai aimé cet article : Comme toujours (je dois avouer) dans les textes bibliques, l'intérêt est multiple et les domaines de recherches aussi : Kabbale, alchimie, et j'en passe… Il se trouve qu'il existe un travail alchimique précis utilisant des matières animales bouillies, puis cuites au soleil & ce travail est très très précisément décrit dans Ézechiel. Parmi les techniques, sont utilisés le rayonnement solaire concentré au moyen d'un bouclier, et l'utilisation du… chasmal, c'est-à-dire, dans notre travail, d'un aimant (au sens propre)… Je pourrai en dire plus dès que j'aurai un peu de recul avec mon travail.
Il sera intéressant à ce moment là (quand l'alchimie sera exhumée) de réparer les liens qui existent entre l'alchimie et la kabbale, au détriment de l'occultisme.